Un manche de chasse-mouches des îles Australes

22 mai 2020

Les élégants chasse-mouches aux manches terminés par des doubles figures ont été collectés par les voyageurs européens dès le XVIIIe siècle. Ils ont très certainement été fabriqués à Rurutu ou à Tubuai, dans les îles Australes, ou, éventuellement, par d’anciens habitants des îles Australes installés dans les îles de la Société, comme l’attestent la forme des figures, avec les éléments en saillie sur la tête et les doubles têtes encerclant le plateau inférieur, qui se retrouvent sur d’autres objets originaires, sans le moindre doute, des îles Australes.

Le manche illustré ici était muni d’un plumeau en fibre de coco fixé à la partie inférieure. Parfois, il subsiste aussi de petits morceaux de coquilles nacrées autour du manche, qui servait peut-être de crécelle.

Manche de chasse-mouches. Polynésie française, îles Australes, probablement Rurutu ou Tubuai. Fin XVIIIe siècle. Bois. H. 27 cm. Anc. coll. Harry Beasley. Inv. 5401. Photo Studio Ferrazzini Bouchet. Musée Barbier-Mueller.

Nous n’avons aucun témoignage direct concernant l’utilisation de ces objets, mais il est probable qu’ils donnaient lieu à des échanges et qu’ils étaient utilisés par des personnes de haut rang lors de cérémonies rituelles. La représentation de visages ou de figures adossées – que l’on retrouve sur des effigies de dieux polynésiens ou sur des armes et des bâtons de toutes sortes – était peut-être liée aux vertus protectrices que l’on attribuait à ces objets.

Dr Steven Hooper a consacré une notice à ce chasse-mouche ainsi qu’à un autre conservé dans les collections du musée Barbier-Mueller dans le livre Arts d’Afrique et d’Océanie, Fleurons du musée Barbier-Mueller, 2007, p. 356.

Communication du Dr Jérôme Feldman, 22 mai 2020 : Les chasse-mouches sont toujours utilisés dans les Samoa pour signifier l’engagement d’une personne dans un oratoire formel. Quand un orateur participe, il pose le chasse-mouche sur son épaule. Quand il parle, il le fait claquer sur son autre épaule. Alors que les chefs ont des chasse-mouches fins et élégants, les « talking chiefs » en ont une version plus grande et grossière. Il semblerait que dans les îles Australes aussi les chasse-mouches remplissaient la fonction d’emblème de rang ou de parade.

Retrouvez cet objet dans une autre publication du Musée Barbier-Mueller : Sculpture, 1995.