Alors que les sociétés africaines sont majoritairement très natalistes au début du XIXe siècle, avec un fort prestige accordé aux femmes (et aux hommes) ayant beaucoup d’enfants, les colonisateurs ont également une préoccupation démographique. A leurs yeux, il faut une main-d’œuvre abondante (et en bonne santé) pour exploiter les richesses du continent, pour le plus grand profit des économies coloniales. Cette préoccupation se traduit par des programmes de médicalisation de la grossesse et de l’accouchement, par la construction de maternités, l’ouverture de centres de Protection maternelle et infantile et autres institutions destinées à favoriser les naissances et à lutter contre la mortalité maternelle et infantile. A la grande surprise des autorités coloniales, ces établissements, loin d’être boudés par les Africaines, sont généralement très bien accueillis. Cette conférence sera l’occasion de comprendre les raisons de ce succès mais aussi les relations ambivalentes entre autorités coloniales et femmes africaines.

Anne Hugon est professeure d’histoire contemporaine de l’Afrique à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et membre de l’Institut des mondes africains (IMAf, UMR 8171). Elle enseigne l’histoire contemporaine de l’Afrique subsaharienne et est spécialiste de l’histoire du Ghana aux XIXe et XXe siècles. Ses recherches concernent particulièrement l’impact de la colonisation sur les sociétés africaines, notamment sur les femmes et les dynamiques de genre. Elle a notamment publié Être mère en situation coloniale. Gold Coast, années 1919-1950, Paris, Editions de la Sorbonne, 2020.